© Benoît Chapon
France

Kubilai Khan investigations

Your ghost is not enough

  • Mardi 10 juin 2014  • 19h 30
  • Mercredi 11 juin 2014  • 19h 30

    Théâtre Public de Montreuil / Salle Maria Casarès

     

pièce pour 2 danseurs et 2 musiciens • 60 minutes

[création]

ENGLISH

 

(Un)reality will create space, will not ascribe the energy to the infinite, (Un)reality will be possessed by excess, by dangerous energy, by humanity in shambles. In the awareness of the intervals, the gaps, of that which we have within us, our division, our vulnerability. A form of life resists domestication. Archaism. This poem behaves like an animal, on the alert. The eye operates beyond contact, from the inside of the world like a dark spot. The body which comes from its darkness. A body returning. A body overflowing.

Frank Micheletti aime les titres musicaux et mystérieux, comme s'ils portaient en eux une fiction. Avec Your Ghost is not enough, il met d'emblée la question de l'être seul et de l'être en relation au coeur de son questionnement : qui est-on quand on est avec soi-même, est-on seulement avec soi-même, jusqu'à quel point la perception de soi est-elle malléable ? Comment crée-t-on une relation, sachant que l'écart, la séparation sont nécessaires à sa construction, que le rapport aux distances et aux proximités la fondent ? Il dédouble d'ailleurs la problématique en posant deux duos en miroir sur le plateau, celui constitué par les deux danseurs et celui constitué par les deux musiciens – dont lui-même. 

 

Au-delà de son envie de travailler avec Idio Chichava, compagnon de longue date de la compagnie et Sara Tan qui l'a rejointe plus récemment, il s'agit de creuser les deux axes de la combinatoire formée par deux danseurs : que nomme-t-on unicité, individuation ? Comment se construit une relation, de quoi s'alimente-t-elle ? Et comment peut-on dans cette configuration désajuster les formes attendues ? Plus proche de la métaphysique et des questions de perception que des problématiques identitaires, c'est d'abord en s'appuyant sur la personnalité de ses interprètes, considérés comme toujours chez ce chorégraphe comme des êtres uniques, singuliers et pluriels que la pièce explore ces interrogations anciennes. C'est en parcourant le spectre infini des impulsions, une matérialité plus intense des gestes, de leur stylisation, que les corps précisent leurs intentions, leur acuité et leur trouble, rétifs à toute domestication. Frank Micheletti le dit à sa manière : avec Your ghost is not enough, il voudrait « faire sortir la syntaxe de ses gonds ». Tout est là : utiliser la grammaire chorégraphique tout en s'échappant sur des chemins de crête, des routes plus accidentées, libérer les parcours et accepter l'instabilité. Comme les fantômes, être, apparaître, in-apparaître et ouvrir à la pluralité des mondes. 

Chorégraphie Frank Micheletti
Interprétation Idio Chichava, Sara Tan 
Musique originale, live Frank Micheletti et Benoît Bottex
Création lumière Ivan Mathis 

 

Production Kubilai Khan investigations 
Coproduction Théâtre Paul Éluard - Bezons, CNCDC de Châteauvallon, Institut français de Jakarta, Institut français de Bandung – Indonésie, Institut Français et la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Centre chorégraphique national de la Rochelle – Poitou-Charentes (accueil studio) Kader Attou – Compagnie Accrorap, Ballet National de Marseille
Accueil studio Centre chorégraphique national de la Rochelle, Théâtre Paul Eluard de Bezons, CNCDC de Châteauvallon
Soutien Adami - société des artistes-interprètes

Parcours de Kubilai Khan investigations

À 20 ans d’existence et plus de 30 créations représentées en France et dans plus de 60 pays, Kubilai Khan investigations s’est affirmée comme une plateforme de créations plurielles, une fabrique de dynamiques artistiques de l’échelle locale à l’échelle internationale. Depuis les côtes du Mozambique jusqu’à la baie de Tokyo, glissant d’un fuseau horaire à l’autre, activant aussi bien les transversalités de langages artistiques que les questionnements culturels.

Le projet artistique ne cesse d’interroger l’espace/monde en mutations, d’en sonder les transformations en cours, d’observer la naissance continue du réel et de ses représentations par la rencontre entre arts, territoires et publics. Une dynamique internationale est expérimentée par les diffusions mais plus encore, par les nombreuses résidences et créations effectuées sur place (à ce jour plusieurs pièces ont été créées et répétées en dehors de nos frontières avec des collaborations locales au Japon, Ghana, Mozambique, Argentine, Mexique, Chili, Bulgarie, Pologne, Indonésie).

En favorisant la perspective « aller/retour », faisant se croiser une implication locale et des projets à l’international, Kubilai Khan investigations a pu inscrire de véritables synergies de rencontres, démultiplier ses points de vue et faire contribuer de nombreux regards et paroles en se déployant sur des territoires diversifiés. Des déplacements, des rapprochements, dans « l’usage du mond » comme l’a formulé Nicolas Bouvier.Cette perspective « aller/retour » nous permet de développer dans plusieurs villes en France et sur notre terrain d’adoption, Toulon et sa région, cet élan d’ouvertures en impulsant des propositions multiples dans l’espace public. Formes inédites, trajets, parcours composés in situ, qui invitent le public à renouveler son regard sur le tissu social et la place de nos corps dans la ville.

À l’heure où de multiples réseaux s’entrecroisent, des nœuds stratégiques de flux, transferts et mobilités ultrarapides, dans ce monde multi-polaire qui se dessine, cette dynamique de déplacements reste pour nous un terrain privilégié pour observer les processus de modernisation de plus en plus transitoires, modifiables et contingents, pour observer et écouter les nouveaux usages et visages de ce qui vient.

Depuis sa création, la compagnie a été « artiste associé » auprès de différentes structures et de leur territoire (CNCDC Châteauvallon à Ollioules, Pôle Sud à Strasbourg, l’Arsenal de Metz, La Comédie scène nationale de Clermont-Ferrand, le Théâtre Louis Aragon à Tremblay-en-France). En 2011-2013, la compagnie a été en résidence au Théâtre Paul Eluard à Bezons. Depuis 2016, Elle est associée aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis et le Théâtre du Beauvaisis, et aussi au Théâtre des Salins, scène nationale de Martigues.

Nous développons et avons alors développé dans une relation à la ville, à son urbanité, à son tissu social, des formes spécifiques et appropriées. Nous avons aussi défini des outils de transmission et de rencontres auprès des publics. Nous avons cherché des formulations de nos pratiques qui s’intensifient dans la réalité collective de nos vies quotidiennes. Des corps en présence soucieux d’une relation en prise directe avec la ville.

Comme une micro-politique, comme une micro-géographie, la danse comme un médium de déplacement, de dépassement, un déclencheur d’expériences. Aujourd’hui, Kubilai Khan investigations poursuit son voyage à travers les formes et les plateaux, continue d’hybrider les gestes, de déplacer les lieux de présentation de la danse, des musiques, pour trouver de nouveaux regards. Pièces chorégraphiques, parcours dans les villes, performances in situ, nouvelles constellations... autant d’empreintes sensibles et engagées, de points de vue sur le monde.

 

Frank Micheletti - Chorégraphe
Né en 1966 - France  

 
Il reçoit une formation de théâtre avec Jean-Pierre Raffaelli, travaille avec Hubert Colas et Isabelle Pousseur, puis  décide de s’orienter vers la danse.   
Avant de créer la compagnie Kubilai Khan investigations, Frank Micheletti a accompagné Joseph Nadj sur plusieurs créations en tant que danseur (Le Canard pékinois, Les Echelles d'Orphée, l'Anatomie d'un fauve, Woyzek, Commedia Tiempo, Les Commentaires d'Habacuc) et en tant qu’assistant à la mise en scène pour Le Cri du caméléon réalisé pour le Centre National des Arts du Cirque. D’autres collaborations parallèles se construisent : participation au Crash Landing : séries d'improvisations initiées par Meg Stuart au Théâtre  de la Ville.
 
En 1996, il fonde avec Cynthia Phung-Ngoc, Ivan Mathis et  Laurent Letourneur, la compagnie Kubilai Khan Investigations, et signe comme directeur artistique les pièces du groupe: Wagon zek, dépôt 1 (1996),  Wagon zek, dépôt 2 (1997), S.O.Y. (1999), Tanin no Kao et Yumé (2001), Mecanica popular (2002), Sorrow love song (2004), Gyrations of barbarous tribes - création franco-mozambicaine (2005-2006), Ona  to otoko, Mondes, Monde - Solo, Koko Doko et Akasaka research (2006), Coupures, Mondes, Monde - version quatuor, Maputo, je suis arrivé demain (2007), Constellations temps fort pluridisciplinaire sur 3 jours (2007-2009-2012) et Geografía (2008). Espaço contratempo (2009/2010), Archipelago (2010/2011), Around Us (2011), Tiger tiger burning bright (2012), comme la main s’enroule (2012), Volt(s)Face#1 et Mexican Corner (2013), Your ghost is not enough (2014), Bien sûr les choses tournent mal(2015), no.W.here (2016)..
En 2009, il crée le festival Constellations à Toulon, annuel depuis 2012.

En 2007, Frank Micheletti est nommé Artiste associé pour trois années à la Comédie, scène nationale de Clermont- Ferrand ainsi qu’à L’Arsenal de Metz pour deux ans. En 2008, la compagnie s'inscrit dans le projet «Tremblay, territoire(s) de la danse”, en partenariat avec le Théâtre Louis Aragon de Tremblay-en-France. en 2016, il entame avec la compagnie deux nouvelles résidences, avec les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis,  le théâtre du Beauvaisis à Beauvais, les Salins, scène nationale de Martigues, et fut artiste associé de 1999 à 2001 à Châteauvallon.
En 2009, il est accueilli à la Villa Kujoyama de Kyoto, en résidence de recherche et de création.