Résonance, liaisons poétiques
NOTE D’INTENTION
« Nous sommes deux danseurs interprètes, chorégraphes et pédagogues, qui collaborent au plateau, et qui en parallèle explorent la notion de mouvement dans différents domaines, que ce soit celui du soin, de l’autre, du territoire. Nous avons chacun développé des outils, explorateurs de la danse, et volontiers défricheur de potentialités, sans doute par excès de vie, nous pensons que le mouvement ne cesse pas, même si le désir faillit. Ce qui sous tient la vie c’est le mouvement et ce qui sous tend le mouvement c’est la vie. Dans l’art, tout est flux. La création est fait de continuité et de discontinuité. De rupture, de suspension d’apparition, de disparition, d’hypothèses, de tentatives, de sauts et de chutes. Elle apparaît dans le rien, en marge, et provient du vide tout autant que de l’excès. C’est dans ce tout, que la création tisse une toile autant qu’elle se manifeste sur son flan, s’en empare et surgit comme un cri ou un miracle. »
Sandrine Maisonneuve te Alvaro Morell
CONTENU
Le centre Jean-Pierre Timbaud est un Centre de Rééducation Professionnelle -CRP- dont la vocation est de permettre aux personnes en situation de handicap, privées d’emploi pour des raisons d’inaptitudes médicales, de se réinsérer en milieu ordinaire de travail par l’apprentissage d’un nouveau métier compatible avec leur situation de santé.
Liaisons poétiques s’appuie sur l’idée de chercher à créer des connexions, des liens que chaque individu entretient avec son corps et la culture du mouvement. Deux facettes sont proposées dans ce projet qui cherchent à intégrer l’individu dans un espace de culture de la danse et dans un environnement social. Le projet rassemble des éléments qui permettent à chacun, à partir d’une base concrète, de s’immerger dans le milieu de la culture sous différents angles.
Ce parcours serait une passerelle d’accès vers la pratique du mouvement dansé. Il cherche à rendre la poésie au corps par la valorisation du mouvement.
Il s’agit de partager avec les bénéficiaires, ce qui a sous tendu les parcours des artistes au fil de ces tentatives artistiques, expériencées au travers du mouvement, et d’une certaine façon l’expérience de faire toile, de changer de peau comme on changerait d’échelle, et de faire résonner le multiple qui est en chacun de nous.
Commencer cette rencontre par une exposition (« Carte blanche à Tomas Saraceno »), converser et digresser, serviront de point de départ à une série de rencontres ateliers, dans lesquels les artistes proposerons une approche de ces notions de continu et discontinu que l’on trouve dans la vie, comme dans l’art.
Toute création découle d’un long processus. Elle est faite de continuité et de discontinuité. Les temps de préparation, de nourriture, de repos, d’infusion, d’observance alternent avec les moments d’actions, de tentatives. La notion de réussite n’intervient pas nécessairement à la fin d’un projet, comme on pourrait l’imaginer, mais elle fait partie du processus de création lui même, autant que l’échec. S’autoriser, permettre l’émergence d’un monde, jouer des zones d’ombres qui permettent la lumière. C’est aussi, accueillir le vide, comme un espace qui féconde le saut, et permettrait le renouvellement de soi. Un giron silencieux fait de liens. Toile.
Il s’agira, lors de ces ateliers, d’aborder l’espace/temps comme autant de territoires intérieurs et extérieurs à découvrir.
Et aussi de stimuler de façon ludique et spontané, l’imaginaire, celui qui permet de faire le lien entre deux choses, mais aussi d’imaginer l’impossible, l’incongru comme vecteur de nouveauté, de potentiels révélés.
Les ateliers proposeront une entrée pédagogique grâce à l’apprentissage de différents mouvements, stimulant l’écoute du corps, par les liens et les différents circuits qui s’opèrent durant la pratique de la danse.
L’un des objectifs est la valorisation de l’individu, de respecter son corps et celui de autres. De créer un espace d’échange entre les participants qui engagent la parole et le corps. Mais aussi de stimuler le mouvement et l’imaginaire de chaque individu et de l’ensemble du groupe.
La finalité possible sera de structurer les échanges et le tracé du parcours de spectateurs afin de constituer un élément potentiel de développement et de création artistique sous forme de tableaux. Toutes les rencontres artistiques lors des sorties expositions et spectacles serviront de matière chorégraphique. Ce travail pourra être montrer de manière intime sous forme de restitution.
BIOGRAPHIE D’ALVARO MORELL
Après une formation de trois ans à l’Institut del Teatre - Escola Superior de Dansa de Barcelone, Alvaro Morell est interprète de 1984 à 1986 au Ballet Contemporain de Barcelone. De 1986 à 2004, il collabore en tant qu’interprète avec les chorégraphes Anne Dreyfus, Paco Decina, Jean Gaudin, Angelin Preljocaj, Hervé Robbe, Charles Cré-Ange, Michèle Rust, Christie Lehuédé, Dominique Jegou, Emmanuelle Vo-Dinh et les metteurs en scène Françoise Coupat, Michel Deutsch. En tant que chorégraphe-interprète, il collabore avec Jean Jourdheuil, Jean-François Peyret et Tomeo Vergés dans « Fantaisie Kafka » (1993) et avec Anna Rodriguez dans « Peppermint Soda » (1996). Diplômé en art-thérapie en 2011 (Université Paris Descartes), il mène des ateliers artistiques et thérapeutiques dans des centres spécialisés (hôpitaux de jour, associations, foyers, instituts médicaux éducatifs, appartements thérapeutiques…). Depuis 1992, il est interprète pour Tomeo Vergés, compagnie Man Drake, avec « Chair de Poule », « Miniatures », « A Consommer sur place », « Salto Mortal », « Pas de Panique », « Pièce(s) détachée(s) », « Anatomia publica », « Troubles du rythme », « Syndrome amnésique avec fabulations ». Il chorégraphie avec Tomeo Vergés le solo « La Logique du Parquet » et le duo « Asphyxies » et collabore avec lui pour le projet « French Chicken ».
BIOGRAPHIE DE SANDRINE MAISONNEUVE
Diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse - CNSMD- de Lyon, ainsi que du Diplôme d’Etat pour l’enseignement de la danse, Sandrine Maisonneuve est interprète depuis 1992 pour Andy Degroat, Christiane Blaise, Abou Lagraa, Yann Lheureux, Mohamed Shaffik entre autres, et collabore étroitement avec Tomeo Vergés depuis 2006. Après une rencontre déterminante avec le performer Julyen Hamilton en 2000, auprès de qui elle pratique la composition instantanée depuis plus de dix ans, elle intègre ce processus de pensée et d’écriture en temps réel à tous ses champs de recherche artistique. Elle l’enseigne depuis 2005 à Tunis, Alger, au Caire au sein du Cairo Contemporary Dance program, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse de Lyon depuis 2010.
En tant que chorégraphe, elle crée quelques pièces en France et à Taiwan, et développe aujourd’hui son propre processus de création autour de la composition instantanée en spectacle. Pour le CNSMD de Lyon, elle crée une pièce pour le jeune ballet en 2010 et actuellement, dans le cadre d’un projet soutenu par la commission européenne, pour un groupe de danseurs égyptiens. Dans ses projets, elle allie pédagogie et création artistique, donnant l’importance à la pratique qu’elle défend comme expérience esthétique et comme outil de développement personnel.